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Métiers du patrimoine : suivez le guide, s'il-vous-plaît !


Tags : culture, métiers

Les guides-conférenciers qui font visiter les monuments historiques sont les plus visibles, mais il y a en réalité une multitude de métiers du patrimoine, tous passionnants mais souvent difficiles d'accès. Tour d'horizon complet.




Métiers du patrimoine : suivez le guide, s'il-vous-plaît !
"C'est un métier intéressant car je peux transmettre mes connaissances", reconnaît Mathylde, jeune guide-conférencière (sur la vidéo ci-dessous).

Passionnée d'histoire, elle commencé par décrocher un master recherche en histoire ancienne à l'université d'Angers, puis un master pro de valorisation du patrimoine... Après avoir obtenu sa carte professionnelle, elle est devenue guide-conférencière et travaille pour la ville du Mans.

Voilà pour le côté pile. Côté face, la Ville ne l'emploie pas de façon continue, et Mathylde connaît les difficultés des vacataires... Comme le Patrimoine, le métier de guide a ses splendeurs et ses misères.


Quelle formation ?

En France, l'accès au métier est réglementé. Il faut être titulaire d'une carte professionnelle délivrée par la préfecture, et pour avoir sa carte, il faut être diplômé d'une licence professionnelle (bac+3) de Guide-conférencier.

Ce diplôme se prépare en un an dans neuf universités :  Angers, Lyon 2, Toulouse Le Mirail, Clermont-Ferrand, Paris-Est, Perpignan, Corse, Paris-Ouest, Littoral, Rennes 2. Pour y accéder, il faut avoir un BTS tourisme, ou une L2 en histoire de l'art, médiation culturelle, archéologie, communication, tourisme-loisirs-accueil-animation, langues étrangères appliquées, langues... Un très bon niveau en langues est requis.

Les diplômés de master (comme Mathylde dans la vidéo) qui ont validé certaines unités d'enseignement peuvent aussi demander la carte professionnelle.

Débouchés trop rares : le prix de la passion ?

Métiers du patrimoine : suivez le guide, s'il-vous-plaît !
Etre guide n'est pas toujours simple car l'emploi salarié est rare. Même le fait d'avoir la carte professionnelle n'est pas une assurance car il y a plus de diplômés que de postes à pourvoir.

Le métier est aussi dépendant de la fréquentation saisonnière des sites. Si les CDI existent, les CDD sont la norme. Les guides sont payés à la journée, et parfois même à la visite. Le salaire s’en ressent. Etre guide, surtout chez les jeunes, c'est un peu vivre dans la précarité, avec des revenus pouvant varier du tout au tout selon les mois.

Un métier qu'on peut exercer en indépendant

C'est pourquoi la plupart des guides-conférenciers prennent un statut de travailleur indépendant et proposent leurs services à tous ceux qui cela intéressent : particuliers, agences de tourisme...

Marjorie Haffner (dont le Guide Parcours Onisep sur "Les métiers de la culture et du patrimoine" donne le témoignage) est guide-conférencière en Ile-de-France. Grâce à son site internet et au bouche à oreille, elle ne manque pas de travail :

"En plus des demandes des particuliers, racontent-elle, les agences prennent directement contact avec moi, parfois six mois à l'avance ou la veille pour le lendemain. De mai à septembre, on peut travailler 30 jours sur 30. En général, je m'occupe des devis, papiers et factures le lundi." Les autres jours, place aux visites : château de Versailles le matin, expo ou découverte d'un quartier de Paris l'après-midi...

Un métier de médiateur : "Il faut aimer le patrimoine et les gens"

Le métier, comme bien d'autres, se prête aux idées fausses. On pourrait l'assimiler à une promenade permanente alors que le guide-conférencier doit préparer et creuser sans cesse ses connaissances pour se renouveler. "Il faut faire beaucoup de recherches en bibliothèque pour se documenter et rédiger la présentation des différents lieux", décrit Marjorie Haffner.

Deuxième idée fausse, croire qu'il suffit de débiter par cœur un discours devant des vieilles pierres. Or le public, qui peut être composé à la fois de gens très cultivés et d'enfants, ne s'y trompe pas. Le guide doit lui apporter plus. "J'apporte mon enthousiasme et ma passion. J'essaye de montrer que le patrimoine est vivant", assure un jeune conférencier. Les bons guides sont ainsi très appréciés et leur carnets de visite se remplissent vite !

"Je me vois comme un passeur, un connecteur"

"Et puis, il faut aimer les gens", souligne une guide spécialisée dans l'accueil des touristes chinois à Paris. Prendre en compte leurs envies, leurs questions, ne pas moquer leur ignorance et vouloir leur transmettre un peu de ce qu'on aime. "Je me vois comme un passeur, un connecteur entre les gens et ce qui me passionne", dit le jeune guide. Mieux vaut donc avoir des qualités humaines, aimer les contact et les rencontres.

Animateur du patrimoine : un beau poste dans la Fonction publique territoriale

Autre métier du secteur, l'animateur du patrimoine : lui est employé par une collectivité locale, une ville, une région pour "faire vivre" le patrimoine local. Il conçoit des circuits, organise des événements notamment lors des Journées du patrimoine de septembre, monte des projets pour certains publics (enfants, touristes étrangers, retraités...). 

Il faut donc à la fois bien connaître le patrimoine, avoir une culture générale et artistique solide, savoir manager des projets et bien communiquer : "L'image des vieilles pierres est dépassée ! explique par exemple l'animateur de l'architecture et du patrimoine de la ville de Quimper (dans le Parcours ONISEP Métiers de la culture et du patrimoine). Quimper a été la première ville présente sur les réseaux sociaux, avec un compte lié au patrimoine. Actuellement, nous travaillons sur un projet d'application mobile pour faire découvrir la ville avec la géolocalisation".

Là encore, les débouchés sont limités car le poste n'existe que dans les 186 collectivités ayant obtenu le label "Ville ou pays d'art et d'histoire". Pour être recruté, il faut soit faire déjà partie de la Fonction publique territoriale (et avoir un profil art et culture) soit être recruté directement par une de ces villes qui organisent de temps en temps un concours d'entrée. Le niveau minimum requis est le bac+3 dans les domaines art, histoire, culture ou archéologie. Le mieux est de se renseigner directement auprès de ces employeurs.

Trois grandes écoles du patrimoine

En France, à côté des cursus universitaires (licences et masters), trois écoles spécialisées de haut niveau permettent d'accéder aux carrières les plus enviées dans l'animation, la restauration et la conservation du patrimoine historique :

– l'Ecole du Louvre forme à l'histoire de l'art et peut être intégrée après le bac ou à bac+3. Elle permet de passer les concours publics des métiers du patrimoine (INP) ou de travailler dans le marché de l'art ou comme guide-conférencier.

– L'Institut national du patrimoine (INP), accessible à niveau minimum bac+3 sur concours forme en 18 mois dans deux départements : conservation ou restauration. Le diplôme final permet d'accéder aux métiers très enviés de conservateur des musées nationaux ou restaurateur habilité à intervenir sur les collections des musées de France. 

– l'Ecole des chartes forme des archivistes et des conservateurs de grandes bibliothèques nationales. Elle recrute sur concours à l'issue des classes préparatoires littéraires (Chartes ou ENS Ulm).

Conservateur du patrimoine

Château de Rambouillet. Photo : ministère de la Culture
Château de Rambouillet. Photo : ministère de la Culture
C'est le métier le plus envié, en tout cas, celui qui bénéficie de la plus forte notoriété. Impossible d'être conservateur en free-lance : pour protéger, enrichir et entretenir le patrimoine national, il faut être fonctionnaire.

On accède donc à ce titre en réussissant le concours de l'Institut nationale du patrimoine (INP, voir ci-dessus), souvent à niveau bac+5 après un master d'histoire de l'art, l'Ecole du Louvre, un IEP, un diplôme des Beaux-Arts...

A la sortie de l'école, le conservateur est nommé dans un musée, ou un monument historique. Selon le lieu, il est chargé d'enrichir les collections, de faire des acquisitions (en gérant un budget), d'organiser des expositions, de décider éventuellement de chantiers de restauration, d'organiser des fouilles, etc. C'est un vrai cadre sup de la culture et du patrimoine !

Mais comme on l'imagine, les postes sont rares : en 2017, sur concours externe, l'INP a recruté 4 conservateurs de musée pour l'Etat et la Ville de Paris, 4 pour la Fonction publique territoriale. Pour les monuments historiques, l'Etat et Ville de Paris ont recruté 5 conservateurs sur concours externes, les concours territoriaux on recruté 2 conservateurs pour le patrimoine scientifique et naturel....
Des postes qui s'ouvrent au compte-gouttes.

Restauration : des métiers manuels à ne pas oublier

Métiers du patrimoine : suivez le guide, s'il-vous-plaît !
Cependant les métiers du patrimoine ne sont pas réservés aux "grosses têtes" et aux étudiants prêts à faire de longues études. A côté de la porte d'entrée de la culture et des études classiques, il en est une autre, plus modeste, mais tout aussi intéressante : celle des métiers manuels de l'artisanat d'art.

Pour restaurer un tableau, un monument, une statue, il faut en effet la main d'un artisan connaissant les techniques et les matériaux utilisés à l'origine. Certains professionnels se spécialisent en effet dans la taille de pierre, de verre et de vitrail, la réfection de vieilles toitures ou de bâti anciens.

Signalons quelques formations ou filières intéressantes :
- le bac professionnel Interventions sur le patrimoine bâti et ses deux options (maçonnerie et couverture)
- le CAP Arts et techniques du verre option vitrail
.
- le CAP de tailleur de pierre
- les centres de formation des Compagnons du devoir et du tour de France


Des formations que l'on peut démarrer après la troisième mais aussi après un bac ou d'autres études, voire après une première expérience professionnelle. Car quelle que soit la spécialité, les métiers du patrimoine ont tous ce point commun : on les choisit d'abord par goût et même par passion.

Sur le même sujet, lire :

L'art du vitrail, c'est leur métier !

la rédaction
Mercredi 1 Novembre 2017

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