Etre surdoué : pas si facile !


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On les appelle surdoués mais aussi précoces, ou encore EIP (enfants intellectuellement précoces) ou HP (à haut potentiel). Comme pour cacher sous des initiales une réalité souvent embarrassante. Car la précocité intellectuelle n'est simple à vivre et à gérer ni pour le jeune ni pour ses parents.





Etre surdoué : pas si facile !
Qui sont les enfants précoces ? Nombre d'articles et d'émissions nous les présentent comme des petits Mozart de la musique ou de véritables Einstein des mathématiques, aux facultés extraordinaires.

Pourtant, un enfant précoce détecté sur trois est en échec scolaire en fin de collège.

Comment est évaluée la précocité ?

Un enfant précoce a un fonctionnement intellectuel différent : ses tests de QI (quotient intellectuel) mettent en évidence un potentiel et un rythme de développement intellectuel supérieurs à la norme définie pour les enfants du même âge, alors qu'il a, souvent, un développement affectif, mais aussi relationnel et psychomoteur en rapport avec ceux de son âge biologique. Cet écart de rythme de croissance - ou "dyssynchronie" - entre les composantes de sa personnalité différencie fortement l'enfant intellectuellement précoce des autres.
 
On parle de précocité au-delà d'un QI de 130

Le QI moyen de la population est de 100. Au-delà d'un QI de 130, on parle de précocité (2,1% de la population). Mais les difficultés d'intégration n'apparaissent bien souvent qu'à partir d'un QI de 150 (0,1% de la population).

Pour des enfants et adolescents entre 6 et 16 ans, le test aujourd'hui utilisé est le WISC IV. Quatre indices permettent de déterminer le QI : l'indice verbal, l'indice perceptif, la mémoire de travail et la vitesse de traitement.
Attention : le QI n'est pas un diagnostic, que seul permet d'établir un bilan clinique complet.

Comment reconnaître un enfant surdoué ?

Souvent, il a parlé très tôt, et a tout de suite eu beaucoup de vocabulaire. Il s'est posé très jeune des questions sur l'origine du monde, voire des questions métaphysiques.
Dès son entrée à l’école, il a pu paraître paradoxalement en décalage avec ses pairs, et donc être isolé. Il n'a pas aimé l'école, s'y est renfermé.
 
Il a une mémoire étonnante mais tarde à savoir faire du vélo

Pourtant, à la maison, il continue à s'interroger et à lire avec avidité des livres sur la préhistoire, les insectes ou l'astronomie. Il a une mémoire étonnante pour son jeune âge. Mais en même temps, il tarde à apprendre à faire du vélo et ne sait pas lacer ses chaussures, il n'est pas à l'aise dans son corps (c'est la fameuse dyssynchronie).

Les années passant, il peut avoir des facilités évidentes dans certains domaines (il manie étonnamment les chiffres par exemple), mais en même temps, se fait reprocher par les professeurs une écriture malhabile et un côté rêveur.
 

Pour résumer
 
Les signes d'une précocité peuvent souvent être repérés. L'enfant surdoué manifeste très tôt :
  • une vive curiosité et un intérêt pour les grands sujets (la création de l'univers, la préhistoire, l'existence de Dieu)
  • un goût de la lecture très développé
  • une grande intuition, un sens créatif
  • une graphie hésitante, une maladresse plus générale parfois
  • un affectif envahissant
  • un sentiment d'ennui à l'école (l'ennui de celui qui sait déjà)
  • un décalage avec ses pairs (qui conduit souvent à l'isolement)
  • un grand sens de l’humour
  • une distraction, une difficulté à se repérer dans l'espace

Une intelligence à part : la pensée en arborescence

Etre surdoué : pas si facile !
La pensée linéaire est une pensée logique, qui évolue pas à pas. La pensée en arborescence, qui est le propre des enfants précoces, ne permet pas de poser un cadre. L'IRM le montre : chez un enfant précoce, l'information est distribuée plus rapidement, et est diffusée dans différentes zones du cerveau en même temps.

Pour cette raison, l'enfant ou l'adolescent précoce peut paraître brouillon. Il n'y a pas pour lui de hiérarchie dans les idées, puisque celles-ci surviennent dans son cerveau de façon indiscontinue : chaque idée produit une ramification vers de nouvelles idées, qui elles-mêmes sont à l'origine d'autres idées.

Cette particularité favorise la créativité : en établissant ainsi des rapprochements et des associations, ce type de pensée est source d'invention et de découvertes. Il est en revanche moins propice au cadre scolaire : l'enfant surdoué a du mal à sélectionner les informations et à rester dans le cadre qui lui est proposé.


L’enfant précoce et l’école : des besoins particuliers

Un enfant précoce pense plus vite que les autres, et est donc conduit assez vite à s'ennuyer en classe. Malgré ses capacités intellectuelles, il peut ne pas s'épanouir à l'école.

Tous les enfants précoces ne sont toutefois pas inadaptés à l'école. Certains occupent toujours les premières places sans avoir beaucoup besoin de travailler ; ils sont inventifs, curieux et impliqués. Des élèves brillant comptent d'ailleurs sans doute des précoces qui s'ignorent (ils ne sont pas testés, car ils n'ont pas de problèmes).

Mais d'autres élèves, précoces également, ne réussissent pas à entrer dans le cadre ou bien le refusent. Ce sont ceux qui sont amenés à consulter.

Pourtant, tous les enfants qui ont du mal à l'école ne sont pas précoces, comme ont parfois tendance à le penser certains parents.

Quelques exemples
 
- Clément s'ennuie en cours, et a toujours un livre ouvert sur ses genoux, mais il répond remarquablement quand le professeur l'interroge ; pourtant, à force de s'évader, il manque des informations qui finiront par constituer des lacunes.

- Corentin a plus de 155 de QI, et maniait, à 12 ans, des concepts de physique très compliqués ; il n'est pourtant pas sûr d'obtenir au bac la note de 12/20 qui lui est nécessaire pour pouvoir s'inscrire dans l'université anglaise qui le tente ; n'ayant jamais eu à fournir d'efforts dans les petites classes, il ne sait pas travailler.

- Guillaume s'est ennuyé très tôt à l'école, et considère souvent qu'il n'y a rien appris ; il a aujourd'hui trouvé dans l'armée le cadre qu'il n'a pas su trouver à l’école.

- Sébastien était le major de sa promotion à HEC ; il est aujourd'hui garagiste, et heureux de l'être.

Quand consulter et faire tester son enfant ?

Si l'enfant, au fur et à mesure des années, s'adapte et a des résultats scolaires honorables, nul besoin de consulter.

En revanche s'il est  malheureux, et si les parents observent un net décalage entre ses capacités réelles (sans que n'entre en compte l'affectif) et ses résultats, si l'enfant redoute l'école ou s'y ennuie fort, si surtout on observe un découragement réel, voire un mal-être, il peut être utile, après avoir pris rendez-vous avec le corps enseignant, de consulter un psychologue qui pourra le tester. Quoi qu'il en soit, le plus tôt sera le mieux. 

Un saut de classe peut être une solution
Si l'ennui de l'enfant en classe est important et si ses capacités sont confirmées par les enseignants, un saut de classe pourra être envisagé. Il ne s'agit pas dans ce cas de vouloir lui "faire prendre de l'avance" comme on l’entend souvent, mais de rétablir l'avance intellectuelle qui existe.

On pourra redouter en effet qu'un enfant qui s'ennuie trop en classe parce qu'il manie déjà aisément les notions qui sont vues, ne finisse, à force de s'échapper, par manquer des informations essentielles et ainsi par prendre du retard.
 
Conseils au quotidien
On pourra pallier une graphie hésitante par des séances de graphothérapie (la main de l'enfant précoce va moins vite que sa pensée, effet de la dyssynchronie). Son isolement dans la classe s'atténuera quant à lui avec les années (parfois seulement au lycée), lorsque le jeune aura trouvé des pairs avec qui dialoguer.
 
Il est important de l'obliger à fournir des efforts


Dans tous les cas, il est important d'encadrer l’enfant précoce, et de l'obliger à apprendre et à fournir des efforts. Le danger en effet est que, trouvant tout facile, il n'apprenne pas à travailler, et finisse par ne plus pouvoir faire face à des situations scolaires de plus en plus compliquées

Ainsi, quand il n'est nul besoin de même relire une leçon pour la savoir dans les petites classes, il est parfois bien difficile, des années plus tard, de réviser plusieurs chapitres pour un contrôle ou d'apprendre un poème compliqué. C'est à ce moment qu'intervient souvent l'échec, et il est d'autant plus brutal que personne ne l'avait vu venir…

Il ne faut pas hésiter, donc, à fixer des objectifs réguliers et ambitieux à un enfant précoce, afin de toujours maintenir son intelligence en éveil. Sans oublier aussi que les phases de repos sont importantes pour cet enfant qui ne peut jamais s'arrêter de penser.

Faut-il chercher une classe ou une école spécialisée ?

Etre surdoué : pas si facile !
C'est une option à envisager uniquement dans le cas d'une réelle inadaptation au milieu scolaire. Si l'enfant est malheureux, si le décrochage ou la phobie scolaire guettent, alors la classe pour EIP peut être indiquée. Attention, elles sont encore rares. Pour les connaître, n'hésitez pas à vous adresser aux antennes des associations d'enfants précoces de vos régions, l'Afep ou l'ANPEIP, qui sauront vous orienter.

Ces associations constituées de parents, de professeurs et de spécialistes, proposent également des activités pour les enfants et les adolescents, ainsi que des tables rondes ou des groupes de parole souvent utiles aux parents.

Dans tous les cas, on privilégiera un cadre scolaire ferme et un enseignement de bon niveau, dans une classe aux exigences élevées - classe proposant une langue ancienne, classe européenne… On se souviendra en effet que le "surdoué" est stimulé par la difficulté.

L'affectif et le manque de confiance en soi

Un enfant précoce est un enfant dont la sensibilité est exacerbée. C'est aussi un enfant qui manque cruellement de confiance en lui.

L'hypersensibilité peut apparaître comme un atout, puisqu'elle permet à l’enfant ou à l'adolescent précoce de parfaitement analyser les situations ; pourtant elle est aussi un handicap, parce qu'elle est source de souffrance, pour celui qui manque de confiance en lui et a peur de ne pas être à la hauteur face à ses interlocuteurs. Il en résulte parfois une impulsivité, voire une agressivité que ne comprennent pas ceux qui ne ressentent pas et n'analysent pas aussi finement les situations.

Ceci souligne l'importance de tester un enfant précoce qui manifeste un mal-être, et ce le plus tôt possible. Les professionnels sauront alors bien conseiller les parents, et éviter que ce mal-être ne se transforme, éventuellement, en déprime.

Et l'adolescence ?

Plus encore que les autres, l'adolescent surdoué a besoin conjointement de beaucoup d'amour et de fermeté. Beaucoup d'amour, car ce grand sensible est aussi très vite angoissé.

Mais de la fermeté également : l'adolescent doit se voir poser un cadre très précis (même s'il arrive qu'il se rebelle contre ce cadre), car ce dernier le rassure. Attention, la fermeté sera toujours accompagnée de douceur, pour cet adolescent très sensible à l'injustice.
 
Confiez-lui des responsabilités, encouragez le !

Laissez de l'indépendance à l'adolescent précoce : faites lui confiance, donnez lui le sens des responsabilités. Une activité comme le scoutisme lui permettra de canaliser son énergie et son angoisse, et l'aidera à développer le sens des autres s'il ne l'a pas.

Vous pouvez être confrontés à deux écueils : un adolescent peut être angoissé, voire dépressif, par manque de confiance en lui, tandis qu'un autre sera persuadé d'avoir une intelligence supérieure (parlez plutôt d'intelligence "différente") et sera amené à être vaniteux. Paradoxalement, les deux tendances peuvent coexister chez le même jeune !

Tout ceci n'est certes pas simple, mais l'accompagnement éducatif des parents prend ici tout son sens : car un enfant précoce qui a été reconnu, encouragé, aimé, peut alors exercer ses talents et être pleinement épanoui.

Mercredi 8 Septembre 2021
Agnès Descombes

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