Comment se réorienter après un échec en médecine



Vous avez tenté une première année de médecine mais n'avez pu passer la barre du concours, malgré un voire deux ans de travail intense. Il est pourtant possible de bien rebondir, et dans diverses directions ! La preuve ? Des étudiants ou des jeunes pros témoignent de leur (bel) itinéraire.





Tiphaine, en 5ème année d'ostéopathie

Comment se réorienter après un échec en médecine
"Quand j'ai appris mon échec en médecine, j'étais tellement dépitée que je n'avais même pas la force de chercher ce que je pourrais faire d'autre.
J'avais l'équivalence pour rentrer à la fac en deuxième année de biologie et peut-être même en troisième année car j'étais parmi les "reçus-collés" (plus de 10 de moyenne). Mais cela ne me disait pas grand chose, je ne voyais pas sur quel métier cela déboucherait. Je savais que je ne voulais pas travailler en entreprise : je me voyais dans un métier de la relation et du soin.

Alors, mes parents m'ont suggéré soit d'aller faire kiné dans une autre ville que Marseille, soit de faire une école d'ostéopathie. A priori, je n'étais pas très favorable à l'ostéopathie, mais je ne connaissais pas. J'ai donc été assister à une consultation chez une ostéopathe et en sortant, je me suis dit "pourquoi pas ?".

J'ai commencé le Collège ostéopathique de Provence, et cela m'a tout de suite plu ! En médecine, j'étais passionnée par l'anatomie et le corps humain et durant les deux premières années d'ostéo, on ne fait quasiment que ça ! Très vite aussi, on commence les manipulations, puisqu'il s'agit de soulager le patient par le geste. Et là aussi, c'est venu pour moi presque naturellement. On se rend compte assez vite, à condition d'être très bien formé, que c'est efficace, ça marche !
Du coup, je retrouve en faisant ce métier toutes mes motivations de départ : j'ai toujours voulu soigner les gens et avoir des contacts avec eux, mais je m'imaginais qu'il n'y avait que le médecin qui pouvait vivre ça. Or aujourd'hui les médecins sont débordés et ont peu de temps pour leurs malades. Nous ostéopathes pouvons consacrer 30 à 45 minutes à un patient. On a du temps pour le comprendre et l'écouter, ça me convient totalement". (En savoir plus sur le métier d'ostéopathe)
 

Raphaëlle, ingénieur agronome et oenologue

"Moi j'avais anticipé la recherche d'une autre orientation, se souvient Raphaëlle, je n'avais pas attendu les résultats de médecine pour me renseigner. Je pouvais m'inscrire en DEUG (L2) de bio, mais je ne me voyais pas dans la recherche, et je voulais un métier concret, qui permette de gagner sa vie. Au final j'ai décidé d'aller en fac de biologie pour intégrer les écoles d'ingénieur agronome par la voie des admissions parallèles.

A la fac, je me suis spécialisée en biochimie, car je m'intéressais à la connaissance des mécanismes. C'était aussi une revanche car j'avais loupé médecine à cause de cette matière ! Chaque été, j'ai voulu faire un stage pour découvrir les différents débouchés de l'agronomie : j'en ai fait un en nutrition animale (laboratoire, contrôle qualité des produits), un dans l'agro-alimentaire du chocolat (recherche et développement), et un autre dans une exploitation viticole. C'est là que j'ai découvert le travail du vin qui était une application de ce que j'avais appris en chimie et biochimie mais surtout, j'ai tout de suite aimé ce va-et-vient entre la nature et le travail de l'homme. Dès ce stage, j'ai su que je deviendrai oenologue.

Comment se réorienter après un échec en médecine
Il fallait donc préparer le diplôme national d'oenologie (DNO), mais j'ai préféré aller au bout de mon premier projet : à la fin de ma quatrième année de bio, j'ai intégré l'école d'agronomie de Toulouse, puis j'ai poursuivi par le DNO que j'ai préparé en deux ans à Bordeaux, une grande région viticole. On n'a pas besoin d'être ingénieur agronome pour être oenologue, mais pour ceux qui ont les deux diplômes, c'est tapis rouge !

Une fois diplômée, j'ai hésité entre le travail en laboratoire et la production. La production me tentait, mais n'étant pas de milieu agricole, j'avais peur qu'on ne me fasse pas confiance. Alors, j'ai réalisé un autre désir, celui de voyager, ce que permet le travail du vin. Je suis partie 4 mois en Californie pour faire des vinifications (transformation du raisin en vin), puis j'ai fait la même chose en Australie, en Afrique du sud et en Suisse. J'ai mené la vie des "flying wine makers", j'ai beaucoup découvert et appris. Dès la Californie, on m'a donné ma chance, mon travail a été apprécié et mon boss m'a donné plus de vin à faire...

Finalement, au bout de deux ans et demi, j'ai voulu me poser en France, et je travaille en Bourgogne, dans un organisme de contrôle dont le rôle est de vérifier les conditions de production des vins d'AOC. Là encore, j'ai beaucoup appris. Moi qui voulais faire de la chirurgie pour l'aspect technique et la relation à l'autre, j'ai trouvé dans l'oenologie un travail qui est également minutieux, manuel, et où l'on utilise son intelligence. Et puis le vin, c'est un produit vivant qui touche à l'humain, c'est source de plaisir, de fête, et qu'on ait à le vendre ou à le produire, on est dans la rencontre"...
 

Julien, chargé d'études marketing dans le secteur santé

"Mon parcours commence par un premier échec en P1, puis j'ai redoublé en kiné et là non plus cela n'a pas marché. Alors, un peu par manque d'idée, j'ai tenté pharmacie, raconte Julien, mais je n'ai pas du tout apprécié les cours et j'ai abouti à une troisième échec.

C'est alors que nous avons eu à la fac une présentation de l'Ilis (l'Institut lillois d'ingénierie de la santé), une école qui prépare aux industries du matériel médical, de la pharmacie, de l’environnement et de l’agroalimentaire. Les débouchés m'ont paru larges et j'ai choisi d'y faire une licence de technologies biomédicales. Cela me permettait de valoriser mes trois années d'études et je dois dire que j'ai obtenu ma licence en deux ans sans trop d'effort.

Ensuite j'ai poursuivi par un master de marketing et de management biomédical, car j'étais attiré par le dynamisme du marketing et je cherchais à aller vers des métiers où l'on bouge. Le plus positif pour moi, ça été les deux stages, faits dans la même entreprise, Reco International, qui m'a finalement proposé de m'embaucher ! J'ai pu y lancer une cellule marketing santé, qui propose aux industriels de la pharmacie de tester la mise en place de leurs produits en officine, via des visites d'enquêteurs dites "mystère". J'aime l'environnement de ce travail et le nombre de contacts que je peux avoir.

Mais j'espère encore évoluer et espère pouvoir un jour créer mon entreprise, sur un terrain peut-être plus social. C'est d'ailleurs un des points forts de l'Ilis, nous sommes très bien préparés à l'entrepreneuriat". (http://ilis.univ-lille2.fr/ )
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Quentin, cadre commercial chez Michelin

"Ma réorientation s'est faite un peu au dernier moment, car j'avais voulu y croire jusqu'au bout. J'ai d'abord envisagé de rester dans le secteur médical, en pharmacie ou ostéopathie, mais c'était très éloigné de mon projet de départ, la chirurgie, et je me suis dit que j'allais être frustré.
J'ai donc décidé de changer complètement d'orientation et là, mes parents m'ont suggéré de faire l'ISG, l'Institut supérieur de gestion, une école de commerce postbac. J'avais fait quelques jobs dans la vente qui m'avaient amusé, et ce type d'école permettait de se spécialiser progressivement. Cela dit, j'y suis allé au départ sans enthousiasme, en me disant que j'allais voir.

Et puis, j'ai beaucoup aimé l'année de prépa ! J'ai eu d'excellents professeurs qui m'ont fait découvrir le marketing, l'économie, les disciplines commerciales, et j'ai décidé de poursuivre. L'avantage de l'ISG, qui est une école en 5 ans, c'est aussi de proposer à tous ceux qui ont déjà fait une ou deux années d'études de faire les deux premières années de prépa intégrée en une. J'ai donc pu faire le cursus complet en quatre ans au lieu de cinq. Et progressivement, j'ai décidé de m'orienter vers les fonctions commerciales. J'aime le défi qui consiste à aller chercher le besoin d'un client pour y répondre. Pour confirmer, j'ai fait deux stages de six mois comme commercial dans des secteurs différents, la grande distribution et l'informatique. J'ai achevé mon dernier stage début juillet 2010, et j'ai été embauché chez Michelin  fin juillet !

Aujourd'hui je suis en charge d'un portefeuille de clients sur la partie poids lourds dans la région d'Amiens. Il y a une partie commerciale auprès des réseaux de vente de pneumatiques, et surtout une partie conseil : je passe 70% de mon temps à aller voir les transporteurs pour les conseiller sur la façon d'optimiser leur stock de pneus. Ce rôle de conseil est très intéressant : je ne suis pas seulement celui qui veut leur vendre quelque chose, mais un spécialiste qui les accompagne, et ça me plaît bien. C'est mon premier poste et vraiment, j'y suis très heureux. Il faut dire que Michelin est une belle maison qui accueille et accompagne très bien les jeunes diplômés.

Si je pouvais donner un conseil à ceux qui découvrent leur échec en médecine, c'est de ne pas baisser les bras. On est désemparé au début mais il y a une foule de choses intéressantes à faire. Personnellement, je me rends compte aussi que mes deux ans de médecine m'ont fait grandir. Je n'étais pas un grand bosseur au départ mais là, j'ai appris à me donner à fond, à tout mettre en oeuvre pour aller au bout, et grâce à cet effort, j'ai acquis une meilleure connaissance de moi. J'étais toujours prêt à aller de l'avant, et ça me sert beaucoup aujourd'hui..."
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Marie, étudiante en psychologie

"Moi, depuis toute petite, mon projet c'était médecine et rien d'autre. Après mon bac S, j'ai donc fait une première année, puis une deuxième mais dès les résultats du premier semestre, j'étais trop mal placée pour espérer réussir et j'ai arrêté l'année en mars.
Mes parents essayaient de me parler de nouvelles études, mais rien ne m'attirait et je ne voulais rien entendre. Et puis une amie qui avait aussi raté médecine avant moi m'a téléphonée pour me parler de son parcours. Elle avait fait "Psycho Prat", l'Ecole des psychologues praticiens de l'Institut catholique de Paris (ou de Lyon). C'est la seule école qui permet de faire de la psycho en dehors de la fac. Elle avait beaucoup apprécié sa formation et semblait très épanouie dans son métier de psychologue. C'est vraiment ce coup de fil qui m'a encouragée à aller vers la psycho car a priori, cela ne m'avait jamais attiré. J'avait peur ce soit très littéraire car jétais très cartésienne mais cette amie m'a rassurée.

J'ai tenté le concours, plutôt axé sur la personnalité que sur les connaissances, et j'ai réussi ! Mais je dois dire qu'au début, j'étais encore hésitante, je ne savais pas trop si j'aimerais. En fait les deux premières années que je viens d'achever m'ont bien intéressée. Elles sont consacrées à la formation théorique, les profs sont bons et on est bien encadrés. Mais l'intérêt de l'école, c'est qu'à partir de la troisième année, contrairement à la fac, on est en stage deux jours par semaine. Personnellement, je serai dans un centre pour des personnes handicapées mentales.

Plus tard, je pense plutôt me spécialiser dans l'aide aux enfants et à leurs parents. Plus j'avance dans ces études, et plus je découvre la diversité des secteurs auxquels peut mener la psycho : il y a les enfants, les adultes, et puis le monde de l'entreprise avec les RH et le recrutement.
C'est de toute façon un métier où l'on s'intéresse à la personne, on est dans l'univers de l'aide et de la relation à l'autre ce qui rejoint d'une certaine façon ce que je recherchais en médecine".
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Jean-Baptiste, en master 2 de Droit, candidat au Barreau

Comment se réorienter après un échec en médecine
"A la fin de ma deuxième première année de médecine, je suis arrivé aux portes des classés. La plupart de mes amis, avec qui je travaillais régulièrement, sont passés ! Moi non ! J’étais le dernier à pouvoir faire sage-femme, mais bon… Dès la fin des examens, de toutes façons, j’avais envisagé autre chose et j’ai repensé au droit car j’appartiens à une famille de juristes et c’est ce que j’avais toujours voulu faire jusqu’en seconde avant de penser à médecine parce que j’étais en S.
Je suis donc rentré à la fac de droit de Paris X - Nanterre, et je dois dire que ça m’a beaucoup plu. On m’avait toujours dit dans ma famille que j’étais fait pour ça mais quand mes profs me l’ont dit eux-mêmes, ça m’a vraiment confirmé. J’ai plutôt bien réussi mes trois années de licence et mon année de master 1, puis j’ai poursuivi ensuite en master 2 recherche en droit du patrimoine à la faculté Paris I- La Sorbonne.

Cela dit je suis très content d’avoir tenté médecine, car je crois que j’aurais été incapable après le bac d’appréhender des études de droit. Je n’étais pas un fou de travail au lycée et je ne sais pas si j’aurais pu rester de longues heures à mon bureau devant une problématique juridique. Les années en médecine m’ont fait acquérir une rigueur, et m’ont appris à bien m’organiser, par exemple à ne pas travailler à moitié ou se reposer à moitié mais à savoir alterner travail et détente. J’ai aussi appris à travailler pour moi, en cherchant à acquérir le maximum de connaissances, pas seulement pour les examens, mais également dans une perspective professionnelle.

J’ai passé l’examen du Barreau à la fin de ma 4ème année. Jai échoué de peu et je le repasse prochainement pour devenir avocat et travailler au sein du cabinet familial. C’est un métier qui me plaît d’abord pour la relation que l’on peut établir avec son client. On peut tout dire à son avocat, de même qu’on dit tout à son médecin !
 La plaidoirie m’intéresse également beaucoup. J’aime cette finesse qu’il faut déployer pour convaincre un juge, ou n’importe quel interlocuteur amené à se prononcer sur telle ou telle situation. J’ai d’ailleurs participé à des concours de plaidoiries comme étudiant, qui m’ont confirmé dans cette voie. Accompagner les gens dans la recherche du compromis, de la conciliation, faire avancer le dialogue et l’apaisement, ce sont des aspects du métier qui m’attirent particulièrement".

Lundi 25 Novembre 2019
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