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Couple : la fidélité est-elle dépassée ?



Peut-on rester fidèle à l'époque des sites de rencontres, de la mobilité géographique et de la liberté sexuelle ? Pour les couples, les tentations sont omniprésentes et les rencontres ne tiennent plus qu’à un clic. Alors, peut-on encore croire en l'amour pour la vie ?



Couple : la fidélité est-elle dépassée ?
"La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'être fidèle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'être mort dès sa jeunesse, à toutes les autres beautés qui nous peuvent frapper les yeux." Scandaleuse à l'époque de Molière, cette citation de Dom Juan, personnage qui n'écoute que son bon plaisir, résume pourtant assez bien l'état d'esprit avec lequel notre époque aborde, bien souvent, les rapports amoureux.

L’individualisme, l’envie de vivre pleinement, d'assouvir ses désirs au plus vite ont, au fil des années, gagné les esprits. Des idéaux difficilement conciliables avec l’idée d'un couple stable et durable qui implique souvent de prendre sur soi, de faire des concessions et des efforts au quotidien. "On le voit dans les magazines, les gros titres incitent à se faire plaisir, à s’occuper de soi, et il est vrai que nous vivons difficilement la frustration", explique Alice de Lara, thérapeute de couple à Paris et médiatrice familiale.

Mais si tout semble nous inciter à succomber aux plaisirs de Dom Juan, pas sûr que la fidélité n'ait pour autant soufflé son dernier mot !

Ne pas confondre "flirt" et "relation durable"

"La fidélité c'est old school’ (vieille école), clame haut et fort Manon, 29 ans, célibataire. Personnellement, j’ai énormément de mal à y croire. Il suffit de voir toutes les applications pour se rencontrer et avoir des relations, sans engagements, comme Tinder par exemple. Il en existe même certaines qui se sont spécialisées sur le créneau des couples infidèles, c’est assez symbolique de l’ère dans laquelle nous vivons !"
Avec l'éclosion des applications qui permettent de multiplier les rencontres, il y a effectivement de quoi désacraliser l’idée du premier rendez-vous et sauter sur son téléphone à la moindre dispute avec sa moitié.
 
"Une fois que l'on a trouvé la bonne personne, que l’on est vraiment amoureux, cela change tout !" 

Mais faut-il pour autant jeter l'idée d’un couple durable aux orties ? Audrey, 23 ans, en couple depuis 6 mois, tient à nuancer : "Il ne faut pas confondre liberté sexuelle et relation de couple. Il est vrai qu'il nous est facile aujourd'hui de multiplier les partenaires et de parler de sexualité sans tabou. Pour autant, une fois que l'on a trouvé la bonne personne, que l'on est vraiment amoureux, cela change tout ! C'est à partir de ce moment-là que l'on se met à avoir des exigences d’exclusivité !"

Il n’est pas toujours simple de répondre à ces exigences. Les tentations sont partout et nous ne sommes pas toujours d’accord sur ce qui est acceptable ou non de la part de l’autre. Dès lors, comment être certain de ne pas franchir la ligne rouge ?

Définir ensemble des limites

Une fois amoureux et ensemble, il est bien sûr important de se fixer des limites et d’échanger sur la question. Juliette, 16 ans, raconte ainsi être gênée par le fait d’être en couple car les autres attendent d’elle un tout autre comportement que lorsqu’elle est célibataire. "Même sur des petites choses. Par exemple, nous sommes très tactiles avec mes amis d’enfance, nous chahutons et cela n'engage à rien, mais je n’ai pas envie que cela change parce que je suis en couple ! En tout cas, pas pour le moment !"

A partir de quand devenons-nous infidèles ? Est-ce en pensant à un autre ? En embrassant ? En flirtant par SMS ou sur internet ? Quel que soit l’endroit où vous placez le curseur, il est important d’être en accord avec votre moitié.  Avant de débuter une relation, mieux vaut savoir où vous mettez les pieds, si vous ne voulez pas entendre : "Mais ce n’est rien, juste un baiser rapide ! Tu ne vas pas être jaloux (se) ?" Ou pire encore "On n’était pas encore (vraiment) ensemble !"

Témoignages : "Nous avons mis les pendules à l'heure"

Lorine, 25 ans, en couple depuis quelques mois, raconte avoir eu cette conversation récemment avec son nouvel amoureux : "Nous nous voyions depuis quelques semaines sans avoir vraiment posé de mots sur ce qui se passait entre nous. Puis, je lui ai demandé si c’était sérieux, il a répondu que oui. A partir de ce moment-là, c’est sûr que l’on attend de l’autre qu’il soit fidèle. La confiance c’est très important. Pour moi, dès que l’on rentre dans un jeu de séduction avec un autre, c’est qu’il y a déjà un problème quelque part."

Pour Audrey, cet échange sur le respect des limites de chacun s'est imposé après une grosse dispute. "Quand je suis arrivée à Buenos Aires pour rejoindre mon nouveau copain en stage sur place, je suis très rapidement tombée sur des SMS d’un de ses amis qui m’ont déplus. Il y était question d'une soirée où ils auraient rencontré des filles. J'ai pris mon sac, je suis partie. Il m'a couru après, il était très touché. De là, j’ai compris qu’il tenait à moi et nous avons mis les pendules à l'heure ! Je pense qu’il a bien vu qu’elles étaient mes limites et compris mon point de vue sur la question !"

Quand la passion s’émousse…

Mais si, comme dans un livre de Frédéric Beigbeder "L'amour dure trois ans", que faire ensuite ? Partir ? Tromper ? Car c'est, bien souvent, lorsque la passion des débuts s’émousse que se pose la question de la fidélité.
En somme, notre couple va-t-il résister à l'installation dans un appartement commun ? Au partage des tâches ménagères ? A la routine qui s’installe ? A l’arrivée d’un bébé ? Ou va-t-on, à la moindre tempête, se laisser tenter par un nouveau regard ? Une nouvelle voix nous susurrant quelques mots tendres ? Tel Dom Juan qui s’exclame encore : "Les inclinations naissantes après tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement."

Et Alice de Lara de résumer ces difficultés du couple à l'épreuve de la vie quotidienne : "Mettez dans la balance la vie à la deux, le fait de se sentir parfois délaissé, et de l'autre côté, la nouveauté, les joies de la rencontre, le cœur qui palpite, les compliments qui font du bien à l’ego, cela n’est pas si facile. D'autant plus quand il suffit d’un clic !"
 
Renouer le dialogue, retrouver de la complicité avec l’autre est un travail exigeant, parfois difficile mais qui vaut, bien souvent, la peine.


Néanmoins, ne serait-ce pas tourner le dos à un amour plus profond ? Se condamner à une forme de solitude ? Prendre le risque de répéter éternellement cette quête, sans cesse renouvelée, des premiers battements de cœur ?

Pour fonder une famille, un foyer durable, il semble nécessaire de se confronter aux difficultés de la vie de couple. Même s’il arrive de douter, de faire des erreurs, renouer le dialogue, retrouver de la complicité avec l’autre est un travail exigeant, parfois difficile mais qui vaut, bien souvent, la peine. "Avec Louis, nous avons eu des hauts et des bas, comme tout le monde, raconte Anaëlle, 32 ans, en couple depuis 9 ans, mais après des années de vie commune et un petit garçon, je peux dire que je suis tombée amoureuse de lui plusieurs fois, avec les papillons, le sourire idiot et tout ce qui va avec !"


La fidélité : un engagement volontaire

Couple : la fidélité est-elle dépassée ?
Comme le note d’ailleurs le philosophe Alain Etchegoyen, la fidélité, ayant perdu tout caractère obligatoire (religieux, économique, familial), elle est devenue un acte choisi, une décision personnelle. Un engagement qui demeure, malgré tout, un idéal fort.

Alors que, dans la plupart des familles, le mariage n’est plus une étape imposée, de nombreux jeunes choisissent de passer devant le rabbin, l’imam, le curé ou encore devant le maire pour se marier, se pacser, marquer publiquement leur engagement l’un envers l’autre. Il suffit de jeter un œil sur les réseaux sociaux pour s’apercevoir du nombre de photos de profiles de jeunes hommes ou de jeunes femmes immortalisés le jour de leur mariage. Comme si ceux-là nous disaient, qu’à l’heure où nous sommes infidèles dans de nombreux domaines (travail, consommation, etc), ils tenaient fermement à s’engager dans un couple stable et durable.

D’ailleurs, selon l'enquête "Valeurs" menée tous les neuf ans depuis 1981 par les sociologues de l’Association pour la recherche sur les systèmes de valeur (Arval), la fidélité est une valeur en hausse, notamment chez les jeunes. "Il y a trente ans, les 18-26 ans trouvaient la fidélité un peu ringarde, seuls 50% la jugeaient importante pour la réussite d’un couple, avait commenté Pierre Bréchon, directeur de l’Arval et chercheur à Sciences Po Grenoble, en mai 2013, dans les colonnes du Parisien. Aujourd’hui, ils sont plus de 80% à la plébisciter."

Vivre une relation privilégiée, la grande force de la fidélité

Si le choix de l'engagement durable est exigeant, il permet cependant de bâtir une relation forte, un lien de confiance particulièrement précieux. "Le lien et le projet qui unit les conjoint créent entre eux une intimité qui n'appartient à personne d’autre et qui intègre le corps, l’intelligence, la vie affective et sociale, explique Michèle Longour dans son livre Dix clés pour réussir son couple. Dans cette intimité, chacun trouve en l’autre un soutien, un confident, et cela lui procure une grande force pour aborder les épreuves de la vie."
​"Etre fidèle à l’autre, c’est aussi être fidèle à soi-même"


Pour Alice de Lara : "Etre fidèle à l’autre, c’est aussi être fidèle à soi-même. C’est dire que l’on croit aux valeurs du couple que nous avons formé à un moment donné, que l'on a été capable de surmonter les difficultés. Et à titre personnel, je pense qu’être fidèle soi-même, cela valorise l’engagement auprès de ses enfants. C’est une jolie transmission. On leur dit qu’il y a eu et qu’il y aura des difficultés, des tempêtes mais que, malgré tout, on surfe sur les vagues parce qu'on croit en l’amour."

Infidélité : attention aux dégâts !

Par ailleurs, (et même si c'est bien souvent plus facile à dire qu’à faire), avant de vous lancer dans l’infidélité, tentez d’envisager les répercussions de celle-ci. Etes-vous prêt(e) à mettre en péril votre relation ? A prendre le risque d’être quitté ?

"La personne trompée va vouloir tout savoir, tout comprendre, prévient la thérapeute conjugale. Il y a la blessure narcissique, la trahison et un profond sentiment d’injustice. Au bout du compte, celui qui a été trahi a le sentiment de ne plus savoir qui est l’autre, il est comme face à un étranger…"  

C'est également l’idée que développe Michèle Longour dans son livre : "Un abime de questions cruelles s’ouvre dans l’esprit du conjoint trompé qui se sent diminué(e) et profondément humilié(e). ( …) Celui qui est infidèle détruit aussi de fait la confiance sur laquelle était fondé le couple, il bafoue son intimité et se fait d’une certaine façon mal à lui-même."

Une blessure longue à guérir, un pardon pas si simple

Certes, en cas d'infidélité, les conjoints peuvent choisir de se pardonner. Mais le chemin est souvent long et hasardeux car c'est toute la relation de confiance qui est à reconstruire.

Anaëlle, 32 ans, se souvient d’un retour de vacances d’été bouleversant, vécu il y a 6 ans, alors qu’elle était en couple depuis déjà trois ans : "Je suis allée chercher Louis à la Gare de Lyon, il faisait la tête alors que je m’attendais à des retrouvailles de folie ! J’ai cru qu’il allait m’annoncer qu’il me quittait, qu’il en aimait une autre. Dans la voiture, sur le chemin de mon studio, il m’a avoué avoir passé une soirée en boite de nuit avec une autre. Il s’est effondré. Sur le coup j’étais furieuse, puis je lui ai dit que je le pardonnais, mais ce n’était pas vrai, cela ressortait à chaque dispute. Puis le temps a passé, avec sa patience et beaucoup d’amour, j’ai fini par pardonner, vraiment !"
 
"On peut pardonner, mais cela laisse des traces"

En réalité, l'infidélité fragilise énormément la relation. Pour Lorine, la trahison a mené son précédent couple à l'échec : "Il m'a trompée et j'ai fini par accepter de lui pardonner mais en réalité cela ne fonctionnait plus. J'étais suspicieuse, quand il sortait je me méfiais, lui se justifiait tout le temps, il me faisait le compte-rendu. C’est rapidement devenu invivable."

Il est en effet difficile de pardonner une trahison, cela demande un long travail de chaque côté, parfois accompagné d’un thérapeute. "On peut pardonner, mais cela laisse des traces, insiste Alice de Lara. Le temps est salvateur, les blessures cicatrisent. Il faut une présence rassurante, l’envie des deux côtés d'avancer ensemble."

Pour aller plus loin

- Se procurer "Dix clés pour réussir son couple" de Michèle Longour en version papier  ou en version PDF à télécharger.
- Découvrir le site de la thérapeute Alice de Lara

Lundi 13 Mars 2017
Anne-Louise Sautreuil

Psycho | Corps et sexualité | Amour | Couple | Un bébé ? | Addictions








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